Who are You ?
Before the Ground Hell
La nuit, le froid, des cris, des encouragements et pour finir, les pleurs d'un bébé. Un accouchement qui fut ordinaire en somme, du moins à première vue. Si l'on creusait un plus, on remarquait bien vite que tout n'était pas tout à fait ordinaire. Le jeune père - mon père - n'était pas étouffé par le désir d'avoir une famille. Son aspiration se limitait à la possession d'un successeur de son sang à former dès son plus jeune âge. Chose qu'il obtint ce soir-là. Aussi, à ses yeux, la mère de son enfant, ma mère - qu'il n'avait séduit que pour obtenir d'elle un descendant - avait parfaitement rempli sa mission. Le plus naturellement du monde, comme si cela avait toujours été entendu, sans même lui laisser voir le nouveau-né, il m'emporta sans plus de cérémonie. Je ne connus donc pas ma mère, j'ignorais jusqu'à son nom. Hank - puisqu'ainsi se nommait mon père et ainsi je le nommais - me prénomma Dantes.
Hank eut donc la primeur de mes cris, mes pleurs, mes langes pleines, mes renvoies... Puisqu'il ne laissa personne s'approcher de près ou de loin de moi. Il put donc vérifier la véracité des rumeurs affirmant que les bébés puaient, criaient et pleuraient énormément.
Vous vous demandez très certainement pourquoi mon père recherchait un successeur. Hank était ce que l'on nomme un tueur à gage. Bien qu'opérant seul, il travaillait avec un large réseau composés d'indics, de chasseurs de primes, de hauts dignitaire et d'autres traqueurs, comme lui. Que chassait-il, me demanderez-vous. Criminels, innocents, témoins, cela ne faisait aucune différence pour lui, en réalité, il travaillait pour le plus offrant. Son but était de les traquer et de d'exterminer ses cibles. Ses clients allaient d'organisations criminelles à de simples "particuliers" assoiffés de vengeance. Homme, femme, enfant, ou vieillard, il ne connaissait aucune limite. Ancien scientifique, ce fut son père qui le format très jeune et s'il tenta d'affirmer sa voix, ce fut cette dernière qui le rattrapa lorsqu'un soir de Noël, un criminel recherché c'était introduit dans le demeure familiale et les avait tué.
Il prit donc à sa charge mon éducation. Quand les enfants de mon âge savouraient leur insouciance, j'apprenait qu'il fallait avoir peur du noir et des ombres. Quand ils découvraient les Disney au cinéma, j'observais des bactéries derrière le microscope sous l'oeil inquisiteur d'Hank. Lorsque les pères emmenaient leurs fils assister à du foot, du base ball ou autre, le mien me formait à l'attaque et la défense. À l'heure des premiers flirts, j'eus le droit à une première rencontre avec "l'obscur". À la place d'apprendre à conduire, Hank m'enseigna les armes... Quant au jour de ma majorité... J'eus droit à un magnifique à ma première cible pour moi tout seul. Inutile de préciser, je pense, mon dépit en découvrant la "surprise"...
Lorsqu'en 2012 le monde devint fou et se mit à tourner à l'envers. Je ne croyais en rien aux élucubration de Hank, les inepties de la télé, de la radio me passaient au dessus. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Quelle personne saine d'esprit pouvait croire sans remettre en cause la parole donnée, que de telles créatures pouvaient exister ? Si j'avais jusque là été épargné par le monde de mon père, celui-ci m'éclata en plein visage. Un étrange virus venait de faire son apparition. Cela n'aurait choqué personne plus que cela aux vues de ce que nous faisions subir à notre planète, mais cette fois, c'était différent. Les morts revenaient à la vie. Il y en eut d'abord une poignée, puis des dizaines, des centaines, des milliers et enfin, la contamination prit une échelle mondiale. Le patient 0, impossible de mettre la main dessus, les services sanitaires étaient surchargés mais surtout, nullement préparés à une telle pandémie... Très vite, les médecins conclurent officiellement que le premier, le tout premier contaminé, avait trépassé. Rapidement, ils durent se résoudre à ne jamais le trouver. Me jugeant trop peu préparé, peut-être trop jeune aussi pour affronter de tels événements qui m'avaient pour le moins étordis, Hank trouva pour point de replie une ville qui déjà dressait des fortifications pour se protéger.
Ce fut de cette manière que pour la première fois, je me retrouvais confronté à ce que je prenais pour être les élucubrations d'un homme perdant peu à peu la raison. Ce fut un tournant dans ma vie puisque je pris alors conscience que sous le lit, l'ombre menaçante de mon enfance, n'était pas forcément le fruit de mon imagination d'enfant de l'époque. Je mis donc, à mon échelle, le pied dans l'étrier, à ma manière du moins... Ce fut aussi à cette période que je me découvrais... Poisseux.
Hank me délaissait souvent pour mener ses chasses. Désormais, en plus de rester tueur à gage, il traquait toute créature issue du virus pour l'exterminer. Je dois bien avouer que j'appréciais son absence. Lorsqu'il n'était pas là, je pouvais alors vivre ma vie et même de découvrir des amitiés. Ce fut lors de ces moments de liberté que je découvris que mon regard ne se tournait pas vers les femmes, bien au contraire, chose dont je ne faisais naturellement pas part à Hank. Dans le cas contraire, seraient alors venus en plus de sa colère, des questions relatives à la manière dont j'avais découvert et expérimenté la chose. Et cela voyez-vous, face à un homme tel que mon père, si je tenais un minimum à mon intégrité physique, morale et à ma survie, mieux valait m'abstenir. Il aurait alors comprit tout le sens de l'expression "Quand le chat n'est pas là, les souris dansent", et cela voyez-vous, je n'y tenais pas particulièrement.
Depuis plusieurs semaines, j'accompagnais mon père lors de ses chasses. J'avais horreur de ça. J'avais toujours eu un problème avec le sang, lorsque ce n'est pas le mien. Suivant la quantité, je tournais très vite de l'oeil. Hormis ce problème, il y en avait un autre... J'ai évoqué ma poisse un peu plus tôt... Elle jouait aussi lors des traques. Tout le monde a connu un type qui marche sur son lacet et s'étale de tout son long au sol... Mais personne ne peut se venter de cracher au nez d'un vampire un "tu vas me le payer" et pour appuyer sa menace, finir ventre à terre... Personne ? Sauf moi. Ma chance était de toujours rester positif, de réfléchir vite et bien, d'avoir été entraîné. Devinez, de par sa malchance qui jouait les appâts pour attirer une proie ? Qui a toujours une arme pourrie qui s'enraye ? Devinez qui tombait souvent dans les pièges ? Devinez qui entre pour draguer dans un bar et se retrouve au lit avec un démon ou un vampire prêt à lui tordre le cou ? C'est Bibi ! Et Bibi, c'est moi. Mais j'ai fait plus fort... Bien plus fort... Trop fort pour en parler à Hank qui m'aurait fait la peau sur le champ. Qu'il fasse avec mon homosexualité était une chose... Mais avec "ça", jamais il n'aurait pu.
Nous nous trouvions dans le sud du pays et Hank devait aller voir un indicateur ce soir-là. Il me laissa donc seul dans le motel où nous avions prit une chambre. De mon côté, j'en avais assez de cavaler dans tout le continent pour ne rentrer que de plus en plus rarement à la ville fortifiée. J'avais décidé de faire ce que tout les jeunes font pour une fois, de sortir et de m'amuser. Le problème était que nous avions été suivis par un contaminé devenu assoiffé de chaire et sur le parking, cet imbécile m'a attaqué. Fier comme un coq comme je l'étais, ou peut-être insouciant comme bien des gens avec leurs "ça n'arrive qu'aux autres", je n'avais prit aucune arme sur moi. Pourtant Hank n'avait de cesse de me répéter que les armes étaient comme les préservatifs : mieux valait en avoir et ne pas en avoir besoin, que de ne pas en avoir sur soit et d'en avoir cruellement besoin. Lors que l'agression, ma chance fut ma poisse, je glissais et tombait, ce qui me permit d'éviter un temps ses dents, mais cet idiot tomba avec moi et me mordit au torse. Il m'arracha un bout de chemise et de viande. Non sans mal, je parvins à m'en défaire et m'en débarrasser. Je rentrais au motel et veillait aussitôt à dissimuler ma blessure, pensant, à tort comme beaucoup, "je ne peux pas être contaminé". Ce fut plusieurs mois plus tard que je compris mon erreur. Hank et moi avions eu des mots et retour à notre "planque", je claquais la porte pour aller me calmer ailleurs, n'importe où mais loin de lui. Ce fut près d'une vieille usine que je passais mes nerfs et plus je ruminais, plus ma colère montait. Se produisit alors l'incompréhensible, plus je me montais la tête et plus le métal autour de moi "fondait", ou plutôt, se tordait... Oui, oui, vous avez bien lu, "tordre le métal". Jésus marchait sur l'eau, Moïse coupait la mer en deux... Et moi je jouais avec le métal. Ce fut de cette manière que je découvrais tant ma contamination que cette faculté étrange de manipuler le métal... Chose qu'une nouvelle fois, je dû dissimuler à mon père, chose peu arrangeante puisque nous étions pour ainsi dire, constamment ensemble. Cependant, je ne voyais rien dans cette capacité de si dramatique, mon optimisme l'emportant sur les inquiétudes et incertitudes.
De retour dans la ville fortifiée, il rejoignit les rangs de l'Organisation, ne quittant cependant pas ses activités de tueur à gage. De par son passé de scientifique, de tueur à gage et son présent de chasseur, ses aptitudes entraient parfaitement dans leur domaine. Lorsque je découvris qu'ils étaient parfois amenés à réaliser des expériences, se servir de nos proies comme cobaye, je vis rouge. Une nouvelle dispute éclata. Je n'approuvais pas ses méthodes et cette fois, j'étais bien décidé à me faire entendre. Hitler en son temps éliminait ceux qu'il jugeait impurs, avant lui, l'homme blanc a asservit celui qui avait la peau plus sombre, massacré ceux qu'à tort il nommait "peau rouge". En quoi le fait de tuer aveuglément était différent ? Je tentai de faire entendre à Hank que toutes ses proies pouvaient ne pas être si mauvaises... Pourquoi seul l'être humain serait bipolaire ? Pourquoi tout les "autres" seraient forcément et foncièrement mauvais ? Il n'entendait rien, ne m'écoutait même et cela m'exaspérait. Je m'énervais, j'étais en colère et comme toujours depuis ma contamination lorsque je perdais le contrôle lors d'une fureur, ma capacité se déclencha. Sauf que cette fois, il était là... Et il comprit. Notre dispute monta en crescendo. Il conclut la conversation par un "Nous réglerons cela à mon retour" qui me fit froid dans le dos à l'intonation de sa voix. Il partait en chasse et sur ces mots, il me laissa planté là, non sans quelques tâches à accomplir... Ce fut la dernière fois que je le vis. C'était un an après l'apparition des premiers "mangeurs d'hommes".
En son absence, je me mis à agir comme je l'entendais. Hank m'avait laissé une liste de proies - humaines ou pas - à traquer. La première était un vampire. J'observais plusieurs semaines durant l'immortel jusqu'à m'apercevoir qu'il n'avait rien de la créature assoiffé de sang. Il ne se montrait pas cruel ou monstrueux et ne faisait que ce qu'il devait pour survivre... Sans tuer, sans métamorphoser... Laissant simplement sa victime épuisée par la perte de sang. Aussi, je me refusais de le chasser, quitte à devoir affronter les foudres de mon père lorsqu'il reviendrai, après tout, avec ce qu'il avait découvert à mon sujet, cela ne pourrait pas être pire... Sauf s'il apprenait ce que je décidais d'entreprendre alors : je voulais le rencontrer. Chose que je fis et, comme d'accoutumée, tout ne se passa pas comme prévu et il en résultat que je me fis mordre. Le vampire néanmoins ne voulait pas me donner la mort, tout ce qu'il souhaitait, c'était répondre à ma curiosité. Comble du comble pour un chasseur, lorsque le vampire s'arrêta avant que je ne trépasse, j'adorai la sensation procurée à l'approche de la mort, la poussée d'adrénaline qu'elle provoquait... Ironique pour quelqu'un qui devrait tuer sans réfléchir la moindre créature non humaine, n'est-ce pas ?
Les semaines s'écoulèrent et je me contentais de poursuivre la "liste" de mon père à ma manière, refusant de renoncer à mes principes. Jamais il ne mit à mort un être qui ne répandait pas le "mal". Je me pris même d'affection pour un démon qui parvint à me toucher.
Six mois c'étaient écoulés alors que je n'avais toujours pas de nouvelles de mon père. J'en profitais alors pour mener des recherches tant à son sujet qu'à celui de ma mère. Je ne trouvais rien à leur sujet. Hank Blackwood n'existait pas. La conclusion en quelques mois de recherches fut simple, je ne connaissais même pas la véritable identité de mon propre père... Nous n'étions finalement que des étrangers. Moi parce qu'il ne savait de moi que ce que je voulais bien lui montrer, et lui parce que l'inverse était tout aussi vrai...
Aussi, aujourd'hui, en plus de chasser "l'obscur", de poursuivre mes activité de tueur à gage - mais en appliquant l'étique qui m'est propre- je mène une quête d'ordre plus personnelle tout en tentant de mener une vie aussi "normale" que possible...
In Depth
• Vos Forces • Son optimisme
• Vos Faiblesses • Sa poisse, son humanité et son père.
• Pouvoir • Contrôle du métal
• Particularité • Le virus dans mon organisme ne manque pas de lui causer bien des tourments. En plus des pics de fièvre régulier qu'il peut me faire avoir, il eut un autre effet secondaire - autre que ce don relatif au métal. Il semble m'avoir fait développer une seconde polarité, me rendant bipolaire. Cette dernière d'ailleurs tient plus de Hank de que moi, mais cela, je ne l'ai pas encore réalisé et c'est une toute autre histoire...