How are you ?
Ce soir est un grand soir. Ce soir est sans doute un virage de l'Avenir de notre monde. Une étape à franchir. Mes pensées deviennent folles et mes lèvres ont vite pris le goût du whisky. J'hume le contenu de mon verre avec un plaisir que mon sourire ne saurait effacer rapidement. Vais-je réussir cette mission ? Aucun doute. Ma force de persuasion est si forte sur ces faibles qu'ils reviendront très vite à mes côtés. Face au miroir, je me regarde dérober la dernière gorgée de mon nectar. Il ne m'enivre pas, et c'est une chance, puisqu'il me faut toutes mes capacités pour les étreindre.
La bonne arrive vers moi, mon manteau dans les mains, la tête baissée. Je prends immédiatement mon manteau et lui tend mon verre. De l'autre main, elle me tend mes gants noirs, épais, en cuir. Sylvianne ne sait pas que ces gants seront peut-être tâchés de sang tout à l'heure. Elle ne le sait pas, non, et n'a pas besoin de le savoir. Elle, si fragile. Elle, si docile. Qu'elle le reste, c'est tout ce que je lui demande.
Posées sur le bord de la cheminée, mes cigarettes m'attendent patiemment mais je les entends m'appeler. Et comme pour en soulager l'une d'entre elles, mon briquet l'enflamme, illuminant mon regard de cette haine qui m'empare peu à peu. Cigarette à la bouche, j'enfile mon manteau et mes gants. Dans un dernier regard vers le miroir, je me recoiffe lentement et d'un geste assuré.
Une voiture m'attend déjà. Quelle impatience ! Je ne suis pas seul ce soir, mes invités de marque sont là, munis de leurs joujoux respectifs. Une bonne vingtaine d'hommes m'accompagnent dans plusieurs voitures sombres et grondant dans cette nuit froide. Ma cigarette s'écrase conte le sol, il est temps.
J'explique mon plan. Il est simple. Entrer. Découvrir. Emprisonner.
Mes hommes sont forts mais ne sont pas brillants. Ils n'ont pas été choisis pour ça d'ailleurs et je les en remercie généreusement à chaque fin de mission.
Je ne sais pas exactement combien sont les mutants. Quinze tout au plus. Ma petite armée semble donc suffisante.
Arrivés sur place, à une rue du lieu précis, les militaires attendent mon signal.
Mais ce virage est trop beau et je veux faire partir de l'action. Je veux voir. Leurs réactions, leurs gestes, leurs visages. Quels insolents... Mon regard se noircit à chaque seconde qui passe.
Mes pas se dirigent lentement vers le lieu indiqué par Cypriän et déjà mon excitation est intense. Le calme pourtant se lit sur mon visage. Mon père me disait toujours que l'excitation était toujours fruit d'hésitation. Je le haïssais à cet instant de cet adage qui n'était que mensonge.
Lorsque nous arrivons à hauteur du dit bâtiment, je constate que l'endroit est fermé. Une seule porte et les meurtrières sont les seules parcelles d'air qu'il semble y avoir. Quel étrange lieu... La porte s'ouvre, il fait sombre, encore bruit ne s'échappe. Une étrange sensation monte en moi, j'envoie cinq hommes au devant et gardent les autres sous le coude. Nous avançons dans un long couloir très peu éclairé et j'ai hâte d'y être. Hâte que tout ça soit fini, qu'ils soient au Laboratoire et que mes expériences puissent reprendre.
Et puis là, l'éclat. Un. Deux. Trois. Quatre et cinq. Et le silence. Cinq coups de feu et déjà mes chaussures se tintent en vermeille. Et là, il ne m'en fut pas plus pour comprendre. Nous ne sommes plus dans un couloir, le lieu s'éclaire soudain sur nous et mes yeux déjà déteste ce jet de lumière si soudain.
« Ne tirez pas ! »Ces mots m'échappent. La mort ne me fait pas peur mais je suis trop curieux pour ne pas savoir comment mes recherches se termineraient. Mes yeux s'habituent rapidement. Ils sont aussi nombreux que nous, à quelques hommes près. Et déjà je les reconnais tous. Le 'chef' s'étire du groupe et s'élance vers moi.
« Alors on fait moins le malin, Doc ! »Mon sourire s'intensifie à mesure qu'il s'approche de moi. Je n'ai pas peur. Je sais que dans quelques heures ils seront à moi. Rien qu'à moi. Et davantage à lui qu'aux autres, il saura pourquoi il ne faut pas s'échapper de mon Laboratoire.
« Enlève ce sourire narquois de ta bouche, Cabrera ! Tu serais bien étonné de la tournure que prennent les choses... »Cet instant. Il sera gravé à jamais dans ma mémoire. Je vois s'avancer Cypriän, les mains attachées, les yeux bandées et le pas tremblotant. Je savais qu'il était trouillard, mais à ce point, ça en était presque risible. Amusant au fond de l'estomac car mon coeur battait de plus en plus fort. Armés, mes mutants ne se prenaient pas pour de la merde. Un autre arriva, amena une arme vers la tempe de mon meilleur ami et...
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH ! »Un sursaut m'échappe, mes yeux s'écarquillent, je suis en sueur...
« Putain de cauchemar... »