Le froid aiguisé fouette mon visage tandis que j'avance dans l'obscurité que je ne crains pas. Seul le bruit de mes pas résonne dans la ruelle que je parcours d'un pas droit et assuré. Ma large capuche dissimule mon visage aux intempéries et mes gants noirs ne laissent que très peu de peau à découvert.
La curiosité m'interpelle – qui a bien pu prendre le risque d'écrire cette lettre ? Qui a donc cru pu me piéger aussi facilement ? Je connais Edward et rien ne peut me tromper à son sujet. Un sourire se fige sur mes lèvres lorsque deux silhouettes surgissent devant moi. Je sursaute à peine et je les détaille consciencieusement de la tête aux pieds.

« Tu nous cherchais ? »

Deux hommes – des vampires. Ils ne croient pas si bien dire, seulement, je suis obligée de m'avouer que ces deux-là seront sûrement difficilement influençables. Car mon ambition est exacerbée mais c'est une chose qui se doit d'être préparée. Si je tends tant à devenir l'une de ces caïnites, je veux que ce soit fait dans les règles de l'art, et surtout, je ne veux pas me faire rouler. La plupart de ceux et celles qui ont reçu le don sont si joueurs, que cette tâche risque d'être difficile.

« A vrai dire, il paraitrait que ce soit vous qui me cherchiez... Très judicieux le coup de la lettre, néanmoins, je connais bien trop mon mari pour que je puisse être bernée... »

Je suis posée devant eux et je les fixe avec intensité.

« Et pourtant, tu te trouves devant nous, idiote. »

J'hausse brièvement les sourcils. Courroucée – idiote ? Ça, c'est bien le genre de chose qui serait prête à m'agacer. Je lâche un soupir, la mine faussement navrée.

« Que croyez-vous donc messieurs ? J'ai toujours une carte dans ma manche... » Lâché-je. Mon ton se fait alors plus grave. « Je ne vous servirais guère – mon mari n'a que faire des prises d'otage. »

Le baiser du vampire ? Je le veux, mais ce soir, c'est moi qui les embrasserais. Ils ne sont pas dignes de m'aider dans ma tâche. Leur sourire d'arrogant me montre qu'ils ne se doutent même pas que je puisse être un brin dangereuse. Oh non, je ne dissimule pas d'arme sous mon manteau... Et je n'ai guère d'expérience en matière de combat rapproché. Mais je possède la plus terrible des armes...

Je m'avance vers le premier des vampires et celui-ci me saisit par la nuque pour me retourner dos à lui, rabaissant ma capuche pour dévoiler mon cou à la peau diaphane.

« Pas d'impatience... Accorde moi un baiser. » Lui glissé-je, mes yeux d'un bleu cristallin dardant ses prunelles.

Les hommes sont bien incapables de résister. Je m'approche de lui, glissant ma main sous le menton de mon assaillant, j'approche mes lèvres et l'embrasse. Ce dont il ne se doute pas, c'est que le rouge carmin qui orne mes lèvres n'est autre que sa souffrance.

Une, deux secondes...

Il s'écarte de moi, se tordant de douleur, les mains sur le visage. Quelques gouttes de ce poison spécialement de ma confection – je l'ai appelé le Nervalis. Sa particularité ? Le pouvoir de tuer les morts... N'est-ce pas drôle ?

Alors que le vampire tombe à terre en étouffant dans un râle liquoreux et douloureux, mon regard vient se fixer sur l'autre vampire qui regarde d'un air paniqué son compagnon d'infortune.

« Qu'est ce que tu lui as fait ?! »

« Ne comprends-tu pas ? Quelle sottise d'avoir tenté de me piéger. » Lui intimé-je en avançant vers lui. Plus je me rapproche et plus il recule. « Vous ne méritez pas ce don ! Tu ne mérites que de mourir à jamais. »

Mes derniers mots cinglent dans le silence et le vampire a vite fait de prendre la fuite. Qu'il est facile de tuer d'un simple baiser...
Je remonte brièvement mes gants en cuir noir avant de ramener ma capuche sur ma tête.

Bientôt, j'obtiendrais mon du.