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L'hiver ne semble toujours pas vouloir quitter la ville fortifiée et tu fais désormais parti de ceux qui sont touchés par ses désagréments. Plus d'eau courante, plus d'électricité, les vivres s'amenuisent... C'est l'horreur. Tu as entendu dire qu'à la mairie, ils disposaient d'un générateur indépendant et avaient mis en place une sorte de soupe populaire pour nourrir la population et leur apporter un peu de chaleur. Tu décides donc de t'y rendre sans quoi la nuit s'annonce plus pénible que d'ordinaire. Couverte tu quittes donc ta demeure, seule, tes proches étant partis pour essayer de quoi remplir les placards et faire du feu dans la cheminée. Tu avances avec prudence dans les rues lorsque tu tombe nez à nez avec une jeune femme dont les vêtements ensanglantés et les yeux injectés de sang ne te laissent aucun doute sur sa nature : une contaminé de type "Zombie" a réussi a franchir le mur d'enceinte de la ville et la voici devant toi. Peut-être qu'un nouveau foyer infectieux au cœur du quartier s'est-il déclaré ? Impossible de réfléchir. Déjà, l'inconnue à la faim jamais rassasiée s'avance lentement pour tenter de faire de toi son repas. Son gémissement plaintif ne cesse de faire échos. Derrière elle, tu distingues une silhouette, ami ou ennemi ? Tu n'en as aucune idée...

Que vas-tu faire ? Que penses-tu ? Que ressens-tu ? Comment réagis-tu ?

La maison familiale des Elder était étrangement vide : en des temps pareils, ils faisaient tout pour rester ensemble. Il n'était plus question de partir seul pour quelque raison que ce soit. Mais ce soir, c'était différent. Ils ne leur restaient plus grand-chose à par trois ou quatre boites de conserves et un paquet de pâte et pour ce qui était de l'eau, fallait se bouger, les robinets étaient à sec. Ethan et Emmet, leur père, étaient partis on ne sais où dans l'espoir de trouver quelque chose d'autre à se mettre sous la dent.
Cassandre avait eu vent de rumeurs comme quoi une distribution d'aliments avait commencée à la mairie. Elle hésitait encore à s'y rendre, partagée entre la semi-sécurité de leur maison et le fait de se rendre utile. Son habituelle sagacité était mise à l'épreuve, elle était troublée et Ethan n'avait pas manqué de le remarquer. "Ça va s'arranger, Léo..." lui avait-il dit dans une longue étreinte réconfortante.
En y repensant, elle ne voyait pas très bien comment la situation pouvait s'arranger et ce n'était pas par le biais d'un miracle quelconque que les contaminés seraient exterminés. Et même si la question des zombies était réglée, c'était la plus facile, ils restait toujours les vampires, qui eux étaient certes plus rares mais ils n'étaient pas aussi évident de s'en débarrasser. Mais ça, elle l'avait gardé pour elle, histoire de ne pas ôter les seules étincelles d'espoir que son frère et son père entretenaient.

La maison était sombre, seulement éclairée par la lueur d'une bougie qu'ils devaient emporter avec eux à chaque déplacement, question d'économie.
Le silence régnait, la seule chose qui l'angoissait au point de la rendre malade. Seul son fredonnement d'une chanson inconnue raisonnait entre les murs tapissés de photos de famille. Les yeux rivés sur une photographie d'Austin et d'Ethan, serrés l'un contre l'autre, d'énorme sourires aux lèvres. C'était "le bon temps" comme disait son père. Oui, c'était le temps de la sérénité, le temps où elle passait des journées entières, allongée dans le champ de fleur à lire, à fredonner, sans se soucier de savoir si oui ou non on allait se jeter sur elle pour la démembrer. Des allures de paradis dans un monde comme celui-là. Oui, c'était la comparaison la plus appropriée. C'était le paradis.

Presque inconsciemment, elle se releva du canapé, se dirigea vers le porte manteau et enfila une veste verte qui appartenait à Austin. Elle avait gardé son odeur masculine, rassurante, familière. Des larmes coulaient sur ses joues quand elle passa le pas de la porte, en direction de la mairie.
Il faisait presque nuit mais on y voyait encore suffisamment pour se repérer dans la ville ensanglantée. Une ville qui lui apparaissait atrocement familière, mais qui à présent était souillée de sang, où les décombres de nombreuses maisons donnaient un aspect de fin du monde.
D'un pas déterminé, sûr, elle s'élança vers le centre-ville, empruntant des ruelles désertes. Par de rares occasion, Cassandre croisait quelques personnes saines auxquelles elle adressait de légers signes de têtes. Elle avait gardé une certaine froideur dans son visage, atténuée par la profonde tristesse qu'elle conservait avec toutes les peines du monde au fond de son cœur, échappant par mégarde quelques larmes.

Maintenant, elle rentrait dans une longue rue, la plus sombre, la plus malsaine qu'elle n'avait empruntée jusqu'à présent. Elle essaya du mieux qu'elle le pouvait d'accélérer le pas, tout en faisant de son mieux pour étouffer les bruits de ses pas. Elle entendait un souffle roque en provenance de l'extrémité de la ruelle où elle distingua une silhouette grossière. D'une démarche maladroite, elle s'avança vers elle et d'une rapidité inattendue, elle se retrouva à quelques pas de Cassandre qui, dans un geste furax, libérant tout son chagrin, la frappa de toutes ses force, enfonçant son poing dans la poitrine putréfiée de son assaillant qui vacilla avant de tomber ridiculement sur le bitume.
Là où se tenait le zombie il y a encore quelques secondes, elle remarqua une silhouette qu'elle devinait être un homme en raison de sa forte carrure. La panique essaya de prendre place dans son esprit, mais elle la repoussa avec violence en achevant le zombie d'une ultime coup de pied dans sa face décomposée.
Elle fixait l'homme à l'autre bout de la ruelle aux abords funèbres. Il ne bougeait pas, ne prononçait pas mot. Il n'avait même pas fait le moindre geste pour l'aider. La confusion prit place sur son visage. Qui était-ce? Qu'est ce qu'il allait faire?